20 mars 2012

« Pour une autre politique de civilisation… »

par Jean CORNIL

  • Ecrivain et philosophe
  • Ancien Sénateur

Le péché et le sacré : d’un « tas » à un « tout ».

« Dieu n’existe pas mais nous sommes politiquement condamnés à une existence collective d’essence théologique ».
Régis Debray.

Les choses sont entendues, Dieu est une fiction. Rassurer les hommes inquiets face à leur finitude et une nature cruelle. Voiler les mécanismes de la domination  économique (Marx). Projection de l’essence de l’homme (Feuerbach). Illusion et substitut de la protection parentale (Freud). Matérialiste, au sens philosophique, et athée, je ne crois pas en l’existence d’un Etre  transcendant, supérieur, organisateur ultime du sens du monde et de nos vies. Pourtant Dieu et plus encore le sacré, sont partout présents. Dieu est bien vivant dans  une multitude affolante de têtes. Place donc aux interrogations. Penchant, ou faiblesse, pour le scepticisme et l’incertitude. Cela relève  de l’esprit de cette chronique.

Tout d’abord, avec Christian de Duve, prix Nobel de médecine, et auteur d’une « Génétique du péché originel » puis « De Jésus à Jésus en passant par Darwin ». J’avoue derechef non pas une fascination mais une curiosité  aigüe pour la thèse de ce grand savant . La sélection naturelle, qui possède comme propriété première de ne voir que l’immédiat, privilégie à la fois égoïsme, cupidité, ruse et altruisme, coopération, compassion. Sans futur, elle favorise la cohésion du groupe et l’hostilité de ce dernier face aux autres communautés. Ces traits innés, inscrits et préservés dans nos gènes, ont comme effets premiers de sacrifier aux avantages immédiats les exigences de l’avenir. Notre seule possibilité  de rédemption devant les cohortes croissantes d’humains qui saccagent la planète vient de notre pouvoir unique et extraordinaire d’agir contre la sélection naturelle. Nous sauver de ce péché originel en renouant avec une sagesse  millénaire renouant aux origines du message christique ? Pour ma part, interrogatif sur cette thèse très puissante, j’en déduis une démarche sécularisée retrouvant, par la solidarité entre tous, le sens de la prévoyance, au-delà de la satisfaction factice de désirs sans cesse plus insatiables. Il y a dans ce postulat fondateur de notre aventure terrestre comme un appel, versant laïcisé à ma sauce, à une lucidité plus pointue à l’égard de nous-mêmes et à une fraternité obligée pour affronter les périls de notre condition.

Ensuite avec le très beau livre de Régis Debray « La jeunesse du sacré ». Depuis sa « Critique de la raison politique » jusqu’à « Dieu, un itinéraire », le philosophe réfléchit sur le principe d’incomplétude du mathématicien Kurt Gödel déplacé comme concept nomade aux sciences humaines. Il signifie qu’aucune société solide ne peut s’instituer que par la simple agrégation des individus. Il est impératif qu’un élément extérieur – un dieu, un chef, un lieu, un texte, un bigame…toujours sacrés- fédère l’ensemble qu’il constitue. En clair, pas de communauté humaine sans religion, terme beaucoup plus vaste que la croyance en un dieu. Le lien social se forme par une extase, qui est une sortie hors de soi. « Le collectif naît à soi hors de soi » écrit Régis Debray. Et son ouvrage, superbement illustré, le démontre amplement en balayant toute notre destinée, des tombes de la vallée  des rois à Luxor au mausolée de Lénine, du mur des Lamentations à Gainsbourg qui brûle un billet de banque, de la voie sacrée de Verdun au « 20 heures » de TF1, de l’éléphant Ganesh aux modernes palais de justice.

En ouverture, l’ancien compagnon du Che, le conseiller, un temps, du prince, le médiologue, récuse trois lieux communs : Sacré n’est pas divin, sacré n’est pas inactuel et sacré n’est pas exotique. Magnifiquement rédigé, ces textes nous invitent à de vertigineuses réflexions sur nos pratiques existentielles et collectives. A un questionnement premier sur le sens du politique qui nous enflamme et au-delà, à un entendement novateur sur l’esprit du « nous ». Le sacré, référent extérieur, permet le passage du « tas », petits égoïsmes atomisés, au « tout », communauté exaltée. Paul Valéry : « La confusion mentale est pathologique quand on est seul, normale quand on est plusieurs ».
Suggestions pour la route de Régis Debray :

« Deux choses menacent les groupes humains : le sacré et le profane. »
Si le sacré est partout, ils s’ankylosent.
S’il n’est nulle part, ils se décomposent.
Trop de marques de déférence, voilà le collectif réassuré mais des individus humiliés de ne pas être à la hauteur.
Pas assez, c’est Narcisse-roi mais un peuple qui doute ou se dégoûte.
Que faire ?
La part du feu.
Un quidam prêt à transiger sur tout est un pauvre type. Sur rien, un dangereux. Sur quelque chose, un débrouillard. On peut causer.
La question est donc de faire bonne mesure ».

  • Christian de Duve :
    • Génétique du péché originel. Le poids du passé sur l’avenir de la vie, Odile  Jacob, 2009.
    • De Jésus à Jésus en passant par Darwin, Odile Jacob, 2011.
  • Régis Debray :
    • Critique de la raison politique, Gallimard, 1981.
    • Jeunesse du sacré, Gallimard, 2012.

Jean CORNIL

 

Ivresse des savoirs pour étudiant à perpétuité.

Quatre livres pour île déserte.

« Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien »
Socrate.

La période d’estivage ne possède pas comme seules vertus les délices du lézard ou la découverte émerveillée de nouvelles civilisations. Elle peut nous permettre de prendre le temps, et donc la disponibilité de l’esprit ,pour plonger au cœur de quelques fondements essentiels de la connaissance.

Non une nostalgie scolaire mais une démarche d’étudiant à perpétuité pour se remémorer ce que l’âge et la sélection mentale, qui gomme tout ce qui n’est pas immédiatement utile, font progressivement disparaître. Un bien modeste stage d’été à propos des savoirs premiers.

Prenez-donc, par exemple, quatre livres dans votre valise.

Le premier sur les principes généraux de la nature et de la science. Le second sur l’histoire humaine, de la préhistoire à nos jours. Le troisième sur l’évolution de toutes les religions et des grandes transcendances, de l’animisme  aux monothéismes de notre ère. Le dernier à propos des étapes de l’esprit humain, des présocratiques aux philosophes pointus du siècle dernier. Lisez-les en parallèle et vous déboucherez sur un formidable panorama de la destinée de l’homme.

Certes, rien pour les spécialistes, pas d’approfondissements, l’expression de thèses contestables, des jugements de valeurs un peu expéditifs, mais pourtant ce sentiment très socratique que l’on s’améliore un peu par la connaissance et surtout que nous sommes l’infinitésimal maillon d’une extraordinaire chaîne de nature et de cultures depuis la création de l’univers jusqu’à la seconde où vous parcourez ces lignes. Un recul salutaire devant le pointillisme de l’information, devant  l’urgence de l’action ou devant les ravages du présentisme qui nous rend oublieux des profonds courants souterrains de notre petite histoire comme de la grande.

Hubert Reeves, dans « L’heure de s’enivrer », nous convie, en l’état actuel des sciences qui ignorent un peu moins chaque jour, sur le chemin jubilatoire de l’évolution cosmique, de l’exubérance de l’océan primitif jusqu’aux risques de l’holocauste nucléaire.  Sans entrer dans les débats, au demeurant passionnants, sur le principe anthropique ou le dessein intelligent, on ne peut qu’être époustouflé par le langage de la nature qui va en se complexifiant au fil du temps. Vers l’infiniment petit avec les quarks. Vers l’infiniment grand avec un multivers en expansion. Et réviser avec enthousiasme ce qui nous faisait bailler sur les bancs de notre adolescence : les quatre forces de la physique, l’extraordinaire  combinaison des éléments du tableau de Mendeleïev, l’ingénieuse biologie ou l’avenir de la vie dans le cosmos. Un voyage exceptionnel pour un novice comme moi dans le royaume des nébuleuses interstellaires ou de l’antimatière. Avec, en sous titre, une interrogation vertigineuse : l’univers a-t-il un sens ?

Jean-Claude Barreau et Guillaume Bigot, dans « Toute l’histoire du monde, de la préhistoire à nos jours », dressent en près de 400 pages toute notre destinée depuis notre émancipation du singe jusqu’au 11 septembre 2001. Cet exercice remet nos idées en perspective de la continuité historique. Révolution néolithique dans le croissant fertile, en Inde et en Chine, guerres médiques et puniques, « miracle grec » et empire romain, long moyen-âge et somptueuse renaissance, empires chinois et civilisations des Andes, peuples premiers et grands explorateurs, rois de France et premières mondialisations,… jusqu’aux conquêtes de Napoléon, aux délices de la Belle-époque, à l’horreur de la « grande guerre » et aux génocides de la seconde. Puis, émancipation du joug colonial, les trente glorieuses, la guerre froide … chacun connait en principe un peu la suite. L’histoire, sur tous les continents, défile comme un roman ou, pour être à la page, comme une incroyable série TV dont les scénaristes rivaliseraient d’imagination. On peut contester certains jugements sur les évènements mais le livre, qui fourmille d’anecdotes, par exemple sur l’origine du nom des lieux, se lit avec cette étonnante joie d’embrasser la totalité de notre odyssée terrestre.

Odon Vallet, dans « Une autre histoire des religions », en plus d’une superbe iconographie, nous entraine dans le tourbillon des mythes et des transcendances que, de tous temps, l’homme a forgés pour supporter sa douloureuse condition. Des trois monothéismes à l’harmonie confucéenne, des mystiques de combat en Inde et au Japon aux véhicules du bouddhisme, du dieu solaire d’un pharaon au jaïnisme aux animismes, du fils de l’homme au dernier des prophètes, la perpétuelle exposition des croyances et de leurs rationalités propres est stupéfiante. Pour un athée aux bagages magiques assez sommaires, la leçon sur l’incroyable fertilité des imaginaires est rude. Mais le parcours, au-delà de ses beautés et de ses tragédies, m’apparait à la fois exaltant et indispensable pour décrypter un peu moins mal la ferveur de tous les marchands d’arrière-mondes.

Enfin Mathias Leboeuf, dans « Tout ce que je sais c’est que je ne sais rien, Petite histoire de la philosophie en 32 citations », grâce à une exceptionnelle vertu pédagogique, nous fait comprendre en profondeur l’essentiel de chaque grand système de pensée d’Héraclite à Gilles Deleuze. De Platon à Pascal, de Montaigne à Wittgenstein, de Spinoza à Sartre, en passant par Machiavel, Kant, Marx, Freud ou Nietzsche, c’est un véritable enchantement de l’esprit que de saisir le cœur de toutes ces visions du monde et de l’homme. Tout ce que je sais c’est que je ne sais rien. Point de départ incontournable pour penser hors de l’opinion commune et des illusions du bon sens . Après avoir dévoré ces pages, on peut humblement estimer savoir un tout petit  peu plus devant notre abyssale Ignorance.

Comme le veut le banal exercice du livre et de l’île déserte, il est certain que ces quatre là feraient partie du voyage. Voire un programme éducatif mondial pour
rapprocher  les peuples et hisser les humains un peu plus haut qu’eux-mêmes.

Les quatre  livres :

  • Hubert Reeves, L’heure de s’enivrer, l’univers a-t-il un sens ?, Seuil, Paris, 1986. Et en livre de poche Points Seuil.
  • Jean-Claude Barreau et Guillaume Bigot, Toute l’histoire du monde, de la préhistoire à nos jours, Fayard, Paris, 2005. Et en livre de poche.
  • Odon Vallet, Une autre histoire des religions, Gallimard, Paris, 2001.
  • Mathias Leboeuf, Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien, Petite histoire de la philosophie en 32 citations, Tallandier, Paris, 2009. Et en livre de poche.

Jean Cornil

 

Gravir les sentiers pentus de l’alternative : l’objection de croissance.

Une brève introduction et des suggestions de lecture.

Dans ses petites chroniques du dimanche soir, le philosophe Michel Serres, définit la démarche philosophique comme l’anticipation des pratiques et des théories à venir, des civilisations à venir (1).

Depuis plus d’un an, j’ai rejoint le mouvement des objecteurs de croissance car je pense profondément que cette constellation de personnalités très diverses, de pensées multiples et d’expériences existentielles, traduit, même de manière embryonnaire et parfois balbutiante, le cheminement individuel et collectif d’une véritable alternative à l’idéologie dominante de l’époque.  Et donc trace une voie possible pour la civilisation de demain, différente de celle qui éclot à chaque moment de notre présent.

Car, si l’on anticipe notre civilisation de la croissance infinie, de la production et de la consommation sans limite, et du règne de l’anthropologie capitaliste, comme l’écrit Christian Arnsperger (2), la probabilité d’un monde chaotique traversé par des conflits de plus en plus rudes pour des ressources de plus en plus rares, voire d’un effondrement généralisé pour la générations futures, se dessine dangereusement.

Certains, gonflés d’optimisme par les lumières de la raison et les perspectives techniques, confiants dans le développement durable ou le capitalisme vert, taxeront de mauvais prophètes, de millénaristes réactionnaires, les tenants de ce catastrophisme annoncé.  Or, je crois justement, comme le développe remarquablement Jean-Pierre Dupuy (3), que la seule chance d’éviter la catastrophe, c’est de l’envisager comme un scénario bien crédible pour notre futur.  Et la première manière de le conjurer est de remettre radicalement en cause nos conceptions du monde et de notre vie.

Dans ce contexte, l’objection de croissance est un mouvement tout à la fois pertinent et passionnant car il réinterroge le modèle intellectuel dominant, de ses aspects les plus intimes jusqu’à imaginer un nouveau paradigme politique et axiologique.  Et, au-delà du cadre renouvelé d’interprétation du monde, il conjugue une multitude d’expérimentations citoyennes, de pratiques économiques alternatives, de processus singuliers de démocratie participative.  Ce mouvement est certes une multiplicité encore désordonnée d’analyses, de critiques, de propositions mais qui convergent toutes pour faire émerger des pratiques existentielles et collectives compatibles avec la finitude de notre vie comme avec celle de la biosphère (4).

L’objection de croissance est tout d’abord inéluctable.  Qu’on le veuille ou non, notre monde de développement, axé sur une transformation de plus en plus étendue et de plus en plus rapide de la matière, au nom de la croissance, de la production et du bien-être généralisé, par essence illimités, entre en contradiction frontale avec le caractère à la fois fini de la planète et fragile des écosystèmes.  Si chaque terrien vivait comme l’européen moyen, il faudrait plusieurs terres pour le satisfaire.  Or, nous n’en avons qu’une.  Nous sommes donc condamnés à modifier en profondeur notre mode de vie sous peine d’amplifier dramatiquement le cycle infernal des perturbations climatiques et des inégalités déjà insupportables qu’elles renforcent (5).

L’objection de croissance implique de repenser fondamentalement notre interprétation du monde, notre rapport à la nature, aux autres et à soi.  Elle dévoile de nouveaux continents qui renouent pour une part avec la philosophie antique (6) tout en s’imprégnant des spéculations scientifiques les plus modernes (7).  Elle mélange allègrement les exercices spirituels pour tendre vers une vie bonne avec des pratiques collectives de solidarité renouvelée, l’ensemble s’inscrivant dans une tentative de cohérence globale dans notre relation au monde et à soi-même.

Bien sûr, le mot même de décroissance peut être ambivalent et suggérer une volonté, flirtant avec le réactionnaire, de retour à une nature primitive et au bon sauvage de Jean-Jacques Rousseau.  En niant les évidents progrès des sciences et des techniques qui, pour un versant de leurs avancées, ont incontestablement amélioré la destinée des hommes.  Il n’en est évidemment rien.  Ce mot « obus », par sa force d’interpellation, suggère une révolution de notre logiciel mental, axé depuis le siècle des Lumières, sur une croyance sans faille aux vertus du progrès, de la science, de la sortie de l’humain, de sa « minorité », bref au triomphe de la raison sur l’obscurantisme de la foi.  Or, c’est cette démarche triomphale des progrès de l’esprit que le mouvement de l’objection de croissance interpelle et remet en cause (8).

Car elle conduit, comme je l’ai dit plus haut, à diriger la planète dans le mur par la finitude même et la clôture du système de la biosphère.  La première des décroissances doit d’ailleurs d’abord être celle des inégalités vertigineuses qui séparent encore les habitants de la terre.  Qu’il n’y ai aucun malentendu.  Il ne s’agit en aucun cas de faire « décroître » les revenus et l’empreinte écologique du petit paysan malien ou du chômeur européen.  Cela n’aurait évidemment aucun sens.  Il s’agit tout au contraire de faire diminuer globalement nos atteintes aux écosystèmes en commençant par les entreprises et les citoyens, notamment aux Etats-Unis, dont l’assuétude énergétique est dramatique pour les équilibres environnementaux (9).

Il convient donc d’entendre le processus de l’objection de croissance comme une combinaison complexe, à la fois sur le plan des territoires et sur le plan de secteurs de l’activité humaine, de croissances sélectives et solidaires (en matière, par exemple, de souveraineté alimentaire, de soins de santé, d’éducation, de logement et singulièrement dans les pays du « tiers-monde ») et de décroissances sélectives et solidaires (en terme de consommation d’énergie, de viande, de poisson, d’automobiles, de médicaments, d’armes,… et singulièrement  chez les classes dominantes du Nord de la planète,…) (10).

Ce processus comprend de multiples dimensions.  Une composante existentielle qui recherche une simplicité volontaire, un autre choix de valeurs de bien-être (le calme, l’apaisement, la lenteur, le silence, la gratuité, la gentillesse, la coopération…), une augmentation des désirs intellectuels et spirituels, un refus de l’accumulation matérielle, de la course à la consommation, à l’argent, aux pouvoirs et aux honneurs.

Une composante d’action collective, d’entraide, de coopération et de solidarité afin de recréer des espaces et des circuits, tant culturels qu’économiques, qui brisent la solitude et l’atomisation de la logique marchande capitaliste.  L’Etat, par son rôle d’impulsion et de redistribution, mais aussi par sa fonction symbolique d’exemplarité, se devrait d’exercer une place centrale pour favoriser cette démultiplication d’initiatives alternatives et novatrices dans le cadre général d’une véritable transition économique (11).  La société civile, par le retour à l’économie sociale et coopérative, par des processus de démocratie plus directe, par une expérimentation collective redéployée, a également une fonction majeure dans la construction concrète d’une alternative crédible.

Enfin, l’impérative nécessité de repenser son rapport à la nature et à sa place dans l’univers doit conduire progressivement à une attitude qui rompt avec plusieurs millénaires de conceptions anthropomorphiques de soumission de tout le minéral et de tout le vivant à la volonté exclusive de l’homme (12).

Tels sont, trop rapidement esquissés, les différents défis, philosophiques comme politiques, individuels comme collectifs, du mouvement des objecteurs de croissance.  Cette émergence, encore tâtonnante, me paraît receler un extraordinaire potentiel de changements personnels et sociétaux face aux impasses civilisationnelles de notre modernité.

Pour paraphraser Albert Camus, je dirais que les générations passées voulaient refaire le monde.  Nous savons que la nôtre ne le refera pas.  Nous devrons juste éviter que le monde ne se défasse encore un peu plus.

 

Pour tout contact : Mouvement politique des objecteurs de croissance : (MPOC)
Rue Basse-Marcelle, 26
5000 Namur
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www.objecteursdecroissance.be

Jean Cornil.

 

Quelques suggestions de lectures :

(1)    Serres Michel, Petites chroniques du dimanche soir 2, Editions Le Pommier, 2007, en particulier la chronique sur la philosophie.
(2)    Arnsperger Christian, Ethique de l’existence post-capitaliste, Pour un militantisme existentiel, Les Editions du Cerf, La nuit surveillée, 2009.
(3)    Dupuy Jean-Pierre, Comment je suis devenu philosophe, (ouvrage collectif), Le cavalier bleu éditions, 2008, p. 97 et suivantes.
(4)    Lire par exemple :

  • Latouche Serge, Le Pari de la décroissance, Fayard, 2006.
  • Ariès Paul, La simplicité volontaire contre le mythe de l’abondance, Editions La Découverte, 2010.
  • Georgescu-Roegen Nicholas, La décroissance, Entropie, Ecologie, Economie, La Sang de la Terre, 2008.
  • Jackson Tim, Prospérité sans croissance, La transition vers une économie durable, Etopia, de Boeck, 2010.

(5)    Lire par exemple :

  • Lebeau André, L’enfermement planétaire, Gallimard, Le débat, 2008.
  • Flahaut François, Le crépuscule de Prométhée, Contribution à une histoire de la démesure humaine, Mille et Une Nuits, 2008.
  • Cohen Daniel, La prospérité du vice, Une introduction (inquiète) à l’économie, Albin Michel, 2009.

(6)    Lire le superbe et désormais classique essai de Pierre Hadot, Qu’est-ce que la philosophie antique, Gallimard, 1995.
(7)    Coméliau Christian, La croissance ou le progrès ?  Croissance, décroissance, développement durable, Seuil, 2006.
(8)    Consulter la revue Entropia, Revue d’étude théorique et politique de la décroissance, dont le numéro N° 6, Crise éthique, éthique de crise ?, Printemps 2009, Editions Parangon.
(9)    Lire les ouvrages d’Hervé Kempf dont Pour sauver la planète, sortez du capitalisme, Editions du Seuil, 2009, et ceux Dominique Bourg dont Le développement durable, maintenant ou jamais (avec Gilles-Laurent Rayssac), Gallimard, 2006.
(10)    Lire par exemple le dossier Développement durable ou décroissance   sélective ?, Revue Mouvements, n° 41, septembre-octobre 2005.
(11)    Voir par exemple la carte blanche de Christian Arnsperger, Pour un ministère de la transition économique, Le Soir, 28 octobre 2009.
(12)    Lire par exemple :

  • Dalsuet Anne, Philosophie et écologie, Gallimard, 2010.
  • Larrère Catherine, Larrère Raphaël, Du bon usage de la nature.  Pour une philosophie de l’environnement, Alto-Aubier, 1997.